Démocratie : stop ? Ou encore ?
Le 06 Mars 2024, 4 panélistes ont nourri le débat sur le sujet "Où en sommes-nous de la démocratie à Madagascar ?"
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🎙De quoi allons-nous parler ?
On vous rassure tout de suite : il s’agit de la suite à donner, ou non, au traitement du thème de la précédente conférence - « Où en sommes-nous de la démocratie à Madagascar » - pour une meilleure appropriation d’un concept « écartelé » entre deux orientations, antithétiques, qui dominent les échanges (Pr Jean-Fabien Spitz).
Les deux courants d’opinions font tous deux référence à la volonté collective, comme fondement de la démocratie, mais si une partie importante lui reconnaît une souveraineté par nature (conception majoritarienne), d’autres pensent, au contraire, que cette volonté collective serait « quelque chose de très dangereux » et que sa légitimité réside dans le contrôle de son expression (conception substantielle).
Ces deux repères sont d’autant plus utiles que « tout le monde ou presque aujourd’hui se réclame de la démocratie, parfois même les pires dictatures », note le professeur de droit Raymond Ferretti, qui ajoute que « cet hommage du vice à la vertu souligne l’élasticité de la notion, voire sa dualité ». Bref, la notion est tellement « élastique » que la plupart des dirigeants se réclament de la démocratie sans craindre d’être taxés de démagogues.
Disons que la conception majoritarienne renvoie à une définition littérale, formelle, de la démocratie (le « pouvoir de tous »), mais elle ne saurait se suffire à elle-même, il faut la rattacher à d’autres critères (valeurs) et définir des règles à respecter dans son exercice, un « espace de prévisibilité », voire de certitude, pour protéger les libertés du citoyen (liberté d’opinion, liberté religieuse, liberté d’entreprendre, etc.) de l’arbitraire (Pr Jean-Fabien Spitz). Ainsi, pour la sécurité juridique, il y a lieu de se prémunir des lois rétroactives. Cela vaut au civil, et surtout au pénal, comme la Haute Cour constitutionnelle vient de le rappeler, récemment, en prononçant la non-conformité de certaines dispositions de la loi n°2024-001 modifiant et complétant certaines dispositions du Code pénal, notamment dans ses articles sur la prévention et la répression du viol.
En fait, la démocratie vaut surtout par l’existence, ou devrait-on dire l’exigence, d’un lien de redevabilité entre les gouvernants et les gouvernés. Une telle possibilité ne se conçoit qu’avec une mise en place de contre-pouvoirs et la mise à disposition des outils de contrôle indispensables. À charge pour le citoyen de faire preuve de motivation dans l’accomplissement des devoirs qui lui incombent.
Sanctuariser l’éducation pour consolider la démocratie
Les constats effectués par nos panélistes, lors de la conférence sur le thème de la démocratie, nous ont fait toucher du doigt la corrélation entre son effectivité et le niveau d’éducation de la population.
Dr Hery Ramiarison a relevé qu’il est difficile de penser à une volonté collective légitime quand « 75% des Malgaches ont un niveau d’éducation inférieur au primaire, après 60 années d’indépendance ». Pr Jean-Fabien Spitz a indiqué, pour sa part, que la promotion des intérêts individuels à travers le respect des règles communes d’action et de développement dépendait énormément du niveau d’éducation.
De son côté, Dr Gilles Yabi a mis en exergue l'incompatibilité entre les cycles électoraux et les défis majeurs structurels tels que le système éducatif. Et de se demander quel est l’intérêt pour un président en exercice, qui pense à sa réélection, de faire des choix significatifs en faveur de l’éducation, dont on ne mesurerait les impacts que dans une dizaine d’années ? Pour dépasser ce « court-termisme » induit par l’exercice électoral, il propose la création d’une autorité supérieure de l'éducation et son inscription dans la Constitution. Une institution qui serait chargée d’assurer la cohérence des choix fondamentaux et de leur maintien dans la durée.
En ouvrant le champ à une vision de long terme, sur le type de société qu’on veut construire et sur le système éducatif approprié, la sanctuarisation serait un outil efficace pour consolider la démocratie.
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Les panélistes
· Léa Rakotondraibe – Consultant sénior du cabinet COEF Ressources et Afrobarometer
· Dr Hery Ramiarison – Économiste et chercheur à l’université d’Antananarivo
· Dr Gilles Yabi – Économiste et analyste politique, fondateur du Think Tank WATHI
· Prof Jean-Fabien Spitz – Philosophe et spécialiste de Philosophie politique
🎁Nouveauté - Podcast
L’équipe de Diapason est heureuse de vous offrir un nouvel outil qui permet de découvrir un ou plusieurs acteurs de l’écosystème malagasy. Nous en sommes à notre 4ème podcast et le planning est déjà bien rempli pour l’année 2024.
Voici les 1ers épisodes de ces podcasts que vous pouvez retrouver ci-dessous :
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Prochain Podcast, le 1er Juin
Red Mangrove Development Advisors (R.M.D.A.)
Expertises mobilisées : Migration et Développement, Accompagnement politique publique, Coopération internationale