Entre dépendances et résistances : quel cap pour Madagascar ?
Après 65 ans de...
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Bienvenue aux nouveaux lecteurs et merci aux autres pour leur fidélité.
🎙De quoi allons-nous parler ?
Au sommaire de cette 16e édition :
- Édito
- Actus Diapason
- Podcast
- Books
- Bon à savoir (thématiques, abonnés, abonnement)
Édito
Alors que Madagascar entre dans une nouvelle saison sèche, les nœuds profonds de la dépendance refont surface : blocage énergétique, spoliation des ressources, institutionnalisation de l’impuissance… Le mois d’août s’annonce calme en apparence, mais bouillonne en profondeur.
Diapason fait une pause estivale mais vous donne rendez-vous à la rentrée avec des outils concrets pour ne pas céder à l’amnésie collective. D’ici là, voici ce qu’il ne fallait pas manquer – et ce qui se prépare.
En même temps que la commémoration du 65e anniversaire de l’indépendance recouvrée, la question épineuse des Îles Éparses s’est invitée, tout naturellement, dans les conversations, d’autant qu’une réunion de la commission bilatérale, à Paris, était annoncée pour le 30 juin. Épineuse, l’adjectif n’a rien d’excessif quand on sait que l’Organisation des Nations Unies, dans sa résolution n°34/91, du 12 décembre 1979, avait invité le gouvernement français à « entamer sans plus tarder des négociations avec le gouvernement malgache en vue de la réintégration des îles précitées (NDLR : Glorieuses, Juan de Nova, Europa et Bassas da India), qui ont été séparées arbitrairement de Madagascar », après avoir réaffirmé, expressément, « la nécessité de respecter scrupuleusement l’unité nationale et l’intégrité d’un territoire colonial au moment de son accession à l’indépendance ».
On sait ce qu’il en est advenu : les résolutions de l’ONU n’ont aucune force exécutoire et l’assemblée générale s’est contentée de « prier le secrétaire général de suivre l’application de la résolution et de faire un rapport à ce sujet lors de la prochaine session ». Tout au plus, elle a demandé à la partie française « de rapporter les mesures portant atteinte à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de Madagascar et de s’abstenir d’en prendre d’autres qui auraient le même effet et pourraient affecter la recherche d’une solution juste au présent différend ». Autant dire une liste de vœux pieux dont la concrétisation était laissée au bon vouloir du gouvernement français, alors même que la souveraineté sur les îles ne devait plus être mise en cause.
Diapason ne pouvait laisser un tel sujet sans réagir et a publié, dès le mois d’avril, l’article « Îles Éparses : entre diplomatie de façade et grande manœuvre géostratégique » (Lire Article) pour décrire une réalité d’une brutalité avérée qui se dessine dans les eaux chaudes du Canal de Mozambique. L’affaire des Îles Éparses, ces quelques confettis revendiqués par Madagascar, révèle les profondes lignes de fracture d’une géopolitique post coloniale où la France s’efforce de maintenir une présence décisive. Le sujet mérite qu’on s’y attarde et, notre article hebdomadaire, de ce vendredi, intitulé « Comment empêcher un continent de se tenir debout ? » y fait référence, avant que le webinaire mensuel ne s’en saisisse, le 23 juillet, sur le thème « Îles éparses : diplomatie, spoliation ou réveil stratégique ? ».
Ce que vous avez peut-être manqué en juin
1. « 65 ans après – L’architecture de la dépendance »
Un article fondateur : comment l’indépendance malgache a accouché d’une dépendance systémique – politique, économique et institutionnelle.
📌 À relire ici → [Lien de l'article]
2. « L’État en trompe-l’œil »
Pourquoi les institutions malgaches semblent exister sans fonctionner ? Une analyse rigoureuse du rôle des 3 pouvoirs dans la perpétuation de l’impuissance organisée.
→ Focus sur la justice, les lois non appliquées, les postes verrouillés.
📌 À lire ici → [Lien de l’article]
3. « 50 ans d’économie malgache dans son contexte régional »
Comparaison avec le Rwanda, le Mozambique ou Maurice. Pourquoi Madagascar stagne malgré ses ressources ? Une chronologie implacable des blocages structurels.
📌 À lire ici → [Lien de l’article]
Thèmes abordés – décryptage transversal
4. « Le choc des maux et le poids du silence : une société fragmentée »
Les deux articles de Joan Razafimaharo (sur la peur de la rétaliation)et du Dr Rigobert Rafiringason (sur l’éducation) constituent un double révélateur d’une même structure d’enfermement à Madagascar.
📌 À lire ici → [Lien de l’article]
Thèmes abordés – décryptage d’un système insidieux basé sur la peur
Ce qu’on vous prépare : Juillet sous tension
1. Grand Webinaire – « Îles éparses : diplomatie, spoliation ou réveil stratégique ? »
💬 Avec des invités de haut niveau pour une lecture géopolitique malgache.
📍 Rendez-vous le Mercredi 23 juillet à 18h (France) > 19h (Madagascar)
🎥 Direct sur Facebook et YouTube.
📌 Objectif : remettre la souveraineté maritime au cœur du débat national.
2. Article d’opinion : « Et maintenant, que fait-on de l’(In)dépendance ? »
Une réflexion à 3 voix pour penser l’après-26 juin autrement. Ni nostalgie, ni résignation, mais une refondation.
📅 Sortie prévue : fin juillet.
Actualités à suivre – Juillet & Août à la loupe
🇲🇬 À Madagascar
Hausse attendue des tensions sociales sur fond d’inflation et d’extinction des aides sociales.
Recomposition discrète des élites locales autour de nouveaux contrats miniers.
Rumeurs de déplacement présidentiel à l’étranger, en quête de financements.
....
🌍 En Afrique
La CEDEAO repense sa structure après le retrait du Mali, Niger et Burkina.
Le Sommet Afrique–Brics se prépare : enjeux pour la souveraineté économique.
Intensification des pressions chinoises et indiennes dans l’océan Indien.
...
Août : Diapason en veille, mais pas en sommeil
📌 Pas de nouveaux articles, podcasts ou webinaires en août.
Mais…
Nous préparons la rentrée de septembre, avec :
Un dossier exclusif sur La diaspora indienne comme modèle structuré,
Abstract – La stratégie de la diaspora indienne
Cet article analyse le succès remarquable de la diaspora indienne à travers le monde, en montrant qu’il ne s’agit pas simplement d’un phénomène culturel ou individuel, mais d’un projet stratégique, structuré et assumé par l’État indien depuis plusieurs décennies.
Il identifie quatre piliers fondamentaux :
Formation d’élites exportables via les instituts IIT et IIM, pensés dès leur origine pour produire des profils techniques mondiaux.
Soutien gouvernemental à l’émigration qualifiée, notamment par le statut de Non-Resident Indian (NRI), offrant des avantages fiscaux, administratifs et symboliques.
Structuration communautaire efficace : réseaux d’anciens, entraide professionnelle, stratégie collective d’ascension sociale.
Mentalité d’effort intergénérationnelle, misant sur la compétence, la patience et la construction de pouvoir économique, sans quête d’intégration passive.
L’auteur souligne que cette stratégie n’est ni parfaite ni égalitaire, mais qu’elle a transformé l’image mondiale de l’Inde, non par la communication, mais par l’occupation réelle de postes d’influence et de création de valeur.
Conclusion“On ne demande pas l’intégration. On crée notre place.”
“On ne s’excuse jamais d’être ambitieux.”
“On joue collectif.”🎯 Ce que la diaspora malgache peut devenir :
Non plus un souvenir affectif du pays quitté, mais une avant-garde du pays à venir.
Les Actus Diapason
Webinaire
Le 4ème webinaire de Diapason, le 25 juin, nous a permis de recevoir 3 panélistes de choix autour du thème : 65 ans… L’architecture de la dépendance.
Résumé – « L’architecture de la dépendance »
65 ans après l’indépendance, Madagascar reste enfermée dans une dépendance multidimensionnelle, bien que ses ressources naturelles soient abondantes. Cette dépendance n’est pas un accident, mais le fruit d’une architecture systémique construite et entretenue depuis des décennies.
L’article démonte trois piliers de cette architecture :
Dépendance économique :
Le pays reste une économie de rente, axée sur l’exportation de matières premières sans transformation locale.
Le pouvoir d’achat s’est effondré depuis 1972, et le PIB par habitant a stagné ou régressé.
L’État est appauvri, car les élites captent les richesses, souvent par le biais de circuits offshore.
Dépendance institutionnelle :
Les institutions (exécutif, législatif, judiciaire) sont neutralisées ou détournées, empêchant toute souveraineté populaire.
Le centralisme hérité de la Constitution française de 1958 bloque les initiatives locales.
Les contre-pouvoirs sont soit absents, soit cooptés.
Dépendance cognitive :
La pauvreté du récit national et la résignation collective entretiennent l’impuissance.
L’élitisme, l’ignorance volontaire et la soumission aux récits étrangers (colonialisme, aide internationale) bloquent l’émergence d’un projet malgache autonome.
L’article mobilise les grilles ICECAP et SCOR Mapping pour cartographier les causes invisibles (spoliation, captation, centralisation…) et identifier les motivations humaines profondes (cupidité, contrôle, indifférence).
Enfin, des pistes de rupture sont proposées :
Revalorisation de la jeunesse et du savoir
Transition énergétique souveraine
Reterritorialisation de l’économie
Réforme fiscale anti-spoliation
Diplomatie économique stratégique
Mobilisation citoyenne structurée
Conclusion : L’indépendance formelle n’a pas suffi. Une souveraineté réelle impose de déconstruire cette architecture de dépendance et de refonder les institutions, les récits et l’économie autour d’un projet porté par la majorité.
Pour accéder au Replay, c'est par là : 65 ans après - L'architecture de la dépendance
Prochain Webinaire de juillet 2025 : « Îles éparses : diplomatie, spoliation ou réveil stratégique ? »
Groupes de travail
Vous pouvez vous inscrire à des groupes de travail et/ou proposer un nouveau groupe de travail, via le site web de Diapason :
Les groupes de travail en cours
- Éducation
- Faire Nation
- Contrat social
- Énergie
- L’agriculture / La paysannerie
Les productions du Comité de rédaction :
📰 1 article par semaine - Vendredi à 19h - 🕖
Les articles Diapason sont téléchargeables afin que chacun puisse trouver son rythme de lecture…
Un grand MERCI aussi à nos contributeurs de la “Tribune libre”
🎙Podcast
Voici le podcast de Juillet 2025
Accédez à tous nos podcasts audios & vidéos avec les liens ci-dessous :
. Plateforme : https://smartlink.ausha.co/diapason-madagascar-think-tank
. Émissions : https://podcast.ausha.co/diapason-madagascar-think-tank
. YouTube : https://www.youtube.com/@diapasonmada/podcasts
Sortie exclusive du livre d’Ousmane Ndiaye
(Ex rédacteur en chef de TV5 Monde)
- En librairie ce 10 juillet et sur toutes les plateformes -
Commander Ici : 📖
Bonne lecture !
Après certains discours de dirigeants occidentaux, voilà qu’on entend en Afrique : la démocratie ne serait pas faite pour les Africains, ou qu’il faudrait « une démocratie adaptée aux valeurs africaines ». Partout sur le continent circule cette entêtante musique, chez les élites et dans les foules. C’est ici un des aveuglements du nouveau panafricanisme et du mouvement décolonial, l’assimilation : démocratie = Occident. Or l’histoire nous apprend que l’invention démocratique en Afrique précède la colonisation. Pis, le colonialisme, tout comme le néocolonialisme ont empêché la démocratisation du continent. L’obsession de l’Occident – et de la France en particulier – pour expliquer tous les maux à l’heure de la mise à mort des démocraties par les putschistes est aussi portée par de brillants intellectuels. Non seulement elle traduit paradoxalement l’occidentalo-centrisme chez ses tenants, mais elle appauvrit le débat sur la démocratisation.
Un essai vigoureux pour déconstruire les idées reçues, replacer la crise démocratique en Afrique dans son contexte historique et sortir du déni. Les formes démocratiques sont universelles !
Bon à savoir
Sortie d’un livre aux Éditions Diapason (disponible en pré-commande sur le site de Diapason)
Écrit par Roger Rabetafika, Alain Rasendra, Patrick Rakotomalala (3 protagonistes de Diapason) et leurs comparses (les 2 anonymes de M/car-Tribune, Ndimby A. et Patrick A), ce livre est préfacé par le Pr Raymond Ranjeva.
Des Malagasy (de cœur) qui bossent entre eux…
